Les médiathèques de Plaine Commune et le Musée d’art et d’histoire Paul Eluard de Saint-Denis s’associent pour présenter les collections qu’ils partagent autour de la Commune de Paris.
Le fonds Commune de Paris de Saint-Denis est l’un des plus importants sur le sujet. Il a été constitué en tant que tel pour une exposition organisée en 1935 par la municipalité de Saint-Denis. C’était l’une des premières expositions consacrées aux événements, 64 ans après la Commune. Nombre de pièces étaient encore en circulation parmi les familles de Communards. La municipalité a ainsi pu bâtir une collection riche et cohérente de pièces originales. Le musée, les archives et la bibliothèque de Saint-Denis formaient alors une seule institution, sous la houlette du conservateur André Barroux (1896-1951). Quand ces institutions se sont séparées, au début des années 80, le fonds lui-même a été divisé. Le musée et les archives relevant d’une même tutelle, celle de la Ville de Saint-Denis, les collections qu’ils abritaient sur ce thème ont pu être réunies en 2019. La bibliothèque, devenue médiathèque, est aujourd’hui rattachée à Plaine Commune. Ce sont donc les projets de recherche et de valorisation qui permettent de les réunir.
L’exposition de 1935 a lieu dans un contexte politique singulier pour la ville. Jacques Doriot (1898-1945) est maire depuis 1931. Élu sous l’étiquette communiste, il a été exclu du PCF en 1934 pour des motifs idéologiques (il s’est opposé trop tôt à la tactique « classe contre classe » voulue par Moscou) et personnels (sa rivalité avec Maurice Thorez, son comportement jugé incontrôlable). À partir de cette date, tout son combat politique va être tourné contre le PCF. En 1936, il va fonder un parti ouvrier concurrent, le Parti populaire français (PPF). Dès la fin des années 30, le PPF aura pris nombre de traits aux partis fascistes étrangers. Sous l’Occupation, Jacques Doriot s’engagera très avant dans la Collaboration, au point de combattre sur le front de l’Est sous l’uniforme allemand. Il mourra en Allemagne en 1945, probablement mitraillé par un avion britannique.
L’organisation de l’exposition de 1935 revient à André Barroux, le conservateur de la bibliothèque, des archives et du musée. Elle fait suite à d’autres expositions organisées précédemment à Paris autour des révolutions antérieures à celle de la Commune : les Trois Glorieuses de 1830, la révolution de 1848. Barroux s’inscrit dans ce mouvement et cherche à en faire l’histoire. Il dresse en cela une généalogie de la Troisième République. L’exposition a par ailleurs lieu à la charnière de l’itinéraire politique de Doriot, entre son expulsion du PCF en 1934, et la fondation du PPF en 1936. S’il n’a pas à proprement parler commandité l’exposition, il saura l’utiliser à ses propres fins. En 1935 Paris est un énorme « réservoir de voix » privé d’expression politique municipale : il n’y a pas encore de maire de Paris. En s’emparant de la Commune, Doriot lorgne sur ces voix, qu’il entend désormais soustraire aux communistes. La Commune va lui servir de lieu d’affrontement, et de rivalité mimétique avec le PC. Tout au long de sa carrière politique, y compris quand il sera devenu un fasciste accompli, Jacques Doriot continuera de se revendiquer de la Commune. Ainsi, quand il créera un organe pour le PPF en 1940, il l’appellera Le Cri du peuple, en référence au journal de Jules Vallès sous la Commune.
Aujourd’hui, ce fonds positionne Plaine Commune et Saint-Denis comme un pôle documentaire à découvrir, en complément des établissements parisiens.
> En savoir plus sur l'histoire de la Commune de Paris
> En savoir plus sur les collections de la médiathèque du Centre-Ville de Saint-Denis
> En savoir plus sur les collections du musée d'art et d'histoire Paul Éluard de Saint-Denis
L’exposition de 1935 a lieu dans un contexte politique singulier pour la ville. Jacques Doriot (1898-1945) est maire depuis 1931. Élu sous l’étiquette communiste, il a été exclu du PCF en 1934 pour des motifs idéologiques (il s’est opposé trop tôt à la tactique « classe contre classe » voulue par Moscou) et personnels (sa rivalité avec Maurice Thorez, son comportement jugé incontrôlable). À partir de cette date, tout son combat politique va être tourné contre le PCF. En 1936, il va fonder un parti ouvrier concurrent, le Parti populaire français (PPF). Dès la fin des années 30, le PPF aura pris nombre de traits aux partis fascistes étrangers. Sous l’Occupation, Jacques Doriot s’engagera très avant dans la Collaboration, au point de combattre sur le front de l’Est sous l’uniforme allemand. Il mourra en Allemagne en 1945, probablement mitraillé par un avion britannique.
L’organisation de l’exposition de 1935 revient à André Barroux, le conservateur de la bibliothèque, des archives et du musée. Elle fait suite à d’autres expositions organisées précédemment à Paris autour des révolutions antérieures à celle de la Commune : les Trois Glorieuses de 1830, la révolution de 1848. Barroux s’inscrit dans ce mouvement et cherche à en faire l’histoire. Il dresse en cela une généalogie de la Troisième République. L’exposition a par ailleurs lieu à la charnière de l’itinéraire politique de Doriot, entre son expulsion du PCF en 1934, et la fondation du PPF en 1936. S’il n’a pas à proprement parler commandité l’exposition, il saura l’utiliser à ses propres fins. En 1935 Paris est un énorme « réservoir de voix » privé d’expression politique municipale : il n’y a pas encore de maire de Paris. En s’emparant de la Commune, Doriot lorgne sur ces voix, qu’il entend désormais soustraire aux communistes. La Commune va lui servir de lieu d’affrontement, et de rivalité mimétique avec le PC. Tout au long de sa carrière politique, y compris quand il sera devenu un fasciste accompli, Jacques Doriot continuera de se revendiquer de la Commune. Ainsi, quand il créera un organe pour le PPF en 1940, il l’appellera Le Cri du peuple, en référence au journal de Jules Vallès sous la Commune.
Aujourd’hui, ce fonds positionne Plaine Commune et Saint-Denis comme un pôle documentaire à découvrir, en complément des établissements parisiens.
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