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Paris livré, de Gustave Flourens 1/2

« Nature inquiète, ardente, enthousiaste, véritable chevalier errant de la démocratie, agitateur passionné, rappelant l’audace de Barbès, soldat dévoué de la République universelle, il est mort en laissant une mémoire respectée de ses ennemis eux-mêmes. » Ainsi Charles Prolès conclut-t-il son Gustave Flourens (série « Les hommes de la révolution de 1871 »), qui est largement une hagiographie du personnage.

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  • Le "météore" de la Commune

    Si tout préparait Gustave Flourens (1838-1871) à jouer un rôle de premier plan dans la Commune, sa mort prématurée, au début de l’insurrection, le 3 avril, ne lui aura permis d’en être que le « météore ». Petit fils d’un général du Ier Empire, fils d’un professeur au Collège de France classé à gauche de l’échiquier politique, Flourens pourrait être qualifié de « communard atypique » si son parcours n’illustrait pas, au fond, le caractère très divers des hommes de l’insurrection de 1871, du moins de ses meneurs. Après de brillantes études secondaires à Louis-le-Grand et une double licence en lettres et en sciences, Flourens, qui professe des opinions avancées, s’enthousiasme pour l’insurrection polonaise de 1863. Il a vingt-cinq ans. Sur place, il découvre le caractère résolument catholique et aristocratique du mouvement et s’en détourne. Il rentre à Paris, supplée son père au Collège de France avec un enseignement sur « l’histoire des races humaines ». Son matérialisme scientifique et son athéisme le font écarter de l’institution. Il part en exil à Londres, puis en Belgique, fait connaissance avec les fils de Victor Hugo.

    Flourens s’engagera ensuite pour l’insurrection crétoise. Il fera de nombreux allers-retours entre Paris, Athènes, et la Crète, combattra les armes à la main aux côtés des insulaires. Il tâte de la prison à Athènes, Naples, Paris où il anime des réunions publiques contre l’Empire. Il est gravement blessé lors d’un duel contre Paul de Cassagnac, un journaliste conservateur qu’il a provoqué dans le journal Le Pays. Lors des funérailles du journaliste Victor Noir, tué par le prince Pierre Bonaparte, il est de ceux qui poussent à l’insurrection. Rochefort craint un massacre, tempère.

    Quoiqu’opposé, comme tous les républicains, à l’aventure militaire de Napoléon III contre la Prusse, il fait partie de ceux qui n’acceptent pas la défaite. C’est au cœur de la « fièvre obsidionale » de Paris assiégé qu’il va donner le plus de lui-même. Élu à la tête du 63e bataillon de la garde nationale, à Belleville, il met la pression sur le gouvernement de la Défense nationale dès le 5 octobre, provoque l’envoi de Gambetta en province. Prévenu par une indiscrétion de Rochefort, il est à l’origine de la fuite au sujet de la reddition du maréchal Bazaine à Metz. Contre ce qu’il considère comme une trahison, il tente un coup de force à l’Hôtel de ville avec ses gardes nationaux le 31 octobre. Un éphémère « gouvernement provisoire » est proclamé, en lieu et place du gouvernement de la Défense nationale. Des élections municipales sont annoncées. Puis la troupe envahit l’Hôtel-de-ville et contraint Flourens à la retraite. Il se cache, est finalement emprisonné à Mazas le 7 décembre 1870. Les gardes nationaux l’en libèrent le 21 janvier. Entre le 21 janvier et le 18 mars, il disparaît de nouveau, écrit Paris livré, son analyse de la défaite et du siège. Condamné à mort par contumace le 10 mars, il revient sur le devant de la scène à la faveur de la révolution du 18 mars. Il est élu à la Commune, adjoint au maire du XXe arrondissement, et membre de la commission militaire. Le 2 avril, il marche sur Versailles à la tête d’une colonne de gardes nationaux, fait sa jonction avec celle du général Bergeret, mais le fort du Mont Valérien, réputé aux mains des communards, a été ignoré. Les batteries du fort font feu sur les gardes nationaux, qui se débandent. Flourens, désespéré, trouve refuge dans une auberge de Chatou. Des gendarmes l’y débusquent. Leur capitaine, Desmaret, lui tranche le crâne d’un coup de sabre. Flourens meurt de ses blessures. Son corps, confisqué pour éviter d’en faire un objet de célébration, sera rendu à sa famille et enterré au père Lachaise quelques jours plus tard. Si Edmond Lepelletier voit en Flourens « certainement la figure la plus sympathique de l’époque », il n’oublie pas qu’il «fut un patriote outrancier, un révolutionnaire plutôt sentimental, et avant tout un homme d’action. » William Serman, quant à lui, souligne son « exaltation brouillonne ». Pour Robert Tombs, il fut un « anthropologue aventurier » mais reste comme « le héros de Belleville ».

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  • Le "météore" de la Commune

    Si tout préparait Gustave Flourens (1838-1871) à jouer un rôle de premier plan dans la Commune, sa mort prématurée, au début de l’insurrection, le 3 avril, ne lui aura permis d’en être que le « météore ». Petit fils d’un général du Ier Empire, fils d’un professeur au Collège de France classé à gauche de l’échiquier politique, Flourens pourrait être qualifié de « communard atypique » si son parcours n’illustrait pas, au fond, le caractère très divers des hommes de l’insurrection de 1871, du moins de ses meneurs. Après de brillantes études secondaires à Louis-le-Grand et une double licence en lettres et en sciences, Flourens, qui professe des opinions avancées, s’enthousiasme pour l’insurrection polonaise de 1863. Il a vingt-cinq ans. Sur place, il découvre le caractère résolument catholique et aristocratique du mouvement et s’en détourne. Il rentre à Paris, supplée son père au Collège de France avec un enseignement sur « l’histoire des races humaines ». Son matérialisme scientifique et son athéisme le font écarter de l’institution. Il part en exil à Londres, puis en Belgique, fait connaissance avec les fils de Victor Hugo.

    Flourens s’engagera ensuite pour l’insurrection crétoise. Il fera de nombreux allers-retours entre Paris, Athènes, et la Crète, combattra les armes à la main aux côtés des insulaires. Il tâte de la prison à Athènes, Naples, Paris où il anime des réunions publiques contre l’Empire. Il est gravement blessé lors d’un duel contre Paul de Cassagnac, un journaliste conservateur qu’il a provoqué dans le journal Le Pays. Lors des funérailles du journaliste Victor Noir, tué par le prince Pierre Bonaparte, il est de ceux qui poussent à l’insurrection. Rochefort craint un massacre, tempère.

    Quoiqu’opposé, comme tous les républicains, à l’aventure militaire de Napoléon III contre la Prusse, il fait partie de ceux qui n’acceptent pas la défaite. C’est au cœur de la « fièvre obsidionale » de Paris assiégé qu’il va donner le plus de lui-même. Élu à la tête du 63e bataillon de la garde nationale, à Belleville, il met la pression sur le gouvernement de la Défense nationale dès le 5 octobre, provoque l’envoi de Gambetta en province. Prévenu par une indiscrétion de Rochefort, il est à l’origine de la fuite au sujet de la reddition du maréchal Bazaine à Metz. Contre ce qu’il considère comme une trahison, il tente un coup de force à l’Hôtel de ville avec ses gardes nationaux le 31 octobre. Un éphémère « gouvernement provisoire » est proclamé, en lieu et place du gouvernement de la Défense nationale. Des élections municipales sont annoncées. Puis la troupe envahit l’Hôtel-de-ville et contraint Flourens à la retraite. Il se cache, est finalement emprisonné à Mazas le 7 décembre 1870. Les gardes nationaux l’en libèrent le 21 janvier. Entre le 21 janvier et le 18 mars, il disparaît de nouveau, écrit Paris livré, son analyse de la défaite et du siège. Condamné à mort par contumace le 10 mars, il revient sur le devant de la scène à la faveur de la révolution du 18 mars. Il est élu à la Commune, adjoint au maire du XXe arrondissement, et membre de la commission militaire. Le 2 avril, il marche sur Versailles à la tête d’une colonne de gardes nationaux, fait sa jonction avec celle du général Bergeret, mais le fort du Mont Valérien, réputé aux mains des communards, a été ignoré. Les batteries du fort font feu sur les gardes nationaux, qui se débandent. Flourens, désespéré, trouve refuge dans une auberge de Chatou. Des gendarmes l’y débusquent. Leur capitaine, Desmaret, lui tranche le crâne d’un coup de sabre. Flourens meurt de ses blessures. Son corps, confisqué pour éviter d’en faire un objet de célébration, sera rendu à sa famille et enterré au père Lachaise quelques jours plus tard. Si Edmond Lepelletier voit en Flourens « certainement la figure la plus sympathique de l’époque », il n’oublie pas qu’il «fut un patriote outrancier, un révolutionnaire plutôt sentimental, et avant tout un homme d’action. » William Serman, quant à lui, souligne son « exaltation brouillonne ». Pour Robert Tombs, il fut un « anthropologue aventurier » mais reste comme « le héros de Belleville ».

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