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A l'Ile des Pins, de Charles Malato

L’île des Pins, située au sud de la Nouvelle-Calédonie, est à compter de 1872 le lieu de condamnation à la "déportation simple"  des communards (possibilité de se déplacer  dans un certain rayon mais obligation de se présenter tous les mois devant un surveillant militaire). C’est là que Charles Malato passera 6 ans avec sa famille.
En 1905 (il a 47 ans et a quitté l’île des Pins depuis 24 ans), Charles Malato donne ce titre à une pièce de théâtre inspirée d’un fait divers ayant eu lieu à l’île des Pins peu avant son propre séjour.
Il le décrit ainsi : "En 1872, 5 jeunes voyous, mêlés aux honnêtes condamnés politiques de la déportation, allèrent de nuit réveiller leur co-déporté Saint-Brice, délégué de la 2e commune de l’île des Pins pour l’obliger à leur donner à boire. Il les mit à la porte ; dans la collision, l’un d’eux déracinant un jeune bananier lui en asséna sur le crâne un coup qui le laissa évanoui. Croyant l’avoir tué, ils s’enfuirent. L’autorité en profita pour faire un exemple. Les 5 jeunes gens désignés comme auteurs de l’agression furent arrêtés, condamnés à mort (sauf un) et exécutés. Or, l’un d’eux, Altos, arrêté à la place du déporté Lenormeau, n’était pour rien dans l’affaire. Il connaissait le nom du coupable et plutôt que de le dénoncer, se laissa fusiller à sa place."
La pièce de Charles Malato n’a jamais été jouée et reste inédite à ce jour. La médiathèque de Saint-Denis en détient une copie manuscrite autographe.

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  • Charles Malato, un journaliste anarchiste

    Charles Malato est né à Foug (Meurthe-et-Moselle) en 1857, d’un père issu de la noblesse napolitaine, et d’une mère d’origine lorraine. Son père, Antoine, a fui la défaite de la révolution italienne de 1848. Ses deux parents ayant pris part aux combats de la Commune, alors qu’il n’a que 13 ans, Charles Malato est déporté avec eux en Nouvelle-Calédonie en 1875. Il a 17 ans. Sur place, il s’intéresse à la culture et aux revendications kanakes, qu’il soutient, aux côtés de Louise Michel.
    Ayant perdu sa mère en Nouvelle-Calédonie, il rentre en France avec son père, après l’amnistie, en 1881. Dès lors, se définissant comme républicain internationaliste et embrassant la carrière du journalisme, Malato sera de tous les combats de l’anarchisme français et européen, en relation avec les anarchistes britanniques, espagnols, italiens (il est notamment l’ami de l’anarchiste espagnol Francisco Ferrer). Il prône l’insurrection, mais désavoue les attentats aveugles. Il est plusieurs fois emprisonné ou contraint à l’exil, notamment à Londres, où commence sa collaboration avec L’Intransigeant de Henri Rochefort. Il participe de façon éphémère à différents journaux, vite disparus ou interdits, avant de devenir rédacteur régulier de L’Intransigeant. Il fait état de ce parcours dans des mémoires publiés en 1894 (De la Commune à l’anarchie), puis, en 1897, publie une Philosophie de l’anarchie dans laquelle il tire les conséquences de l’échec des combats anarchistes des deux dernières décennies du XIXe siècle.
    Dreyfusard, il cesse sa collaboration avec L’Intransigeant devenu antisémite et rejoint L’Aurore d’Ernest Vaughan, où il côtoie Bernard Lazare et Georges Clemenceau. À la même époque, il est initié dans la franc-maçonnerie et s’éloigne de l’anarchisme de stricte obédience. Il sera critiqué pour cela, bien qu’à ses yeux, son ardeur révolutionnaire n’ait jamais faibli. Il démissionne d’ailleurs de la franc-maçonnerie en 1908.
    Il est mis en cause dans l’attentat de la rue de Rohan qui vise le cortège du président de la République Emile Loubet et du roi d’Espagne Alphonse XIII en 1905 et doit affronter le « Procès des quatre », à l’issue duquel il sera toutefois acquitté. Son engagement anarchiste et révolutionnaire reprend de plus belle à La Guerre sociale de Gustave Hervé, à La Bataille syndicaliste, au Libertaire. Dans le même temps, il signe des ouvrages plus littéraires, souvenirs, contes, pièces de théâtre, romans. Son roman le plus connu, La Grande Grève, publié en 1905, est très bien reçu dans les milieux syndicalistes.
    Quoique opposé jusqu’au bout à la guerre qui s’annonce en 1914, il se trouve de nouveau en délicatesse avec les milieux anarchistes pour avoir adhéré à « l’Union sacrée », jouant la France républicaine contre l’Allemagne monarchiste (« la cause de la France est redevenue la cause de l’humanité ! »). Il s’engage même en 1918, mais son âge (61 ans) ne lui permet pas d’aller au front. Après la guerre, il devient correcteur à l’Assemblée nationale mais continue d’écrire dans la presse libertaire. Il meurt en 1938, à 81 ans.

  • Charles Malato, un journaliste anarchiste

    Charles Malato est né à Foug (Meurthe-et-Moselle) en 1857, d’un père issu de la noblesse napolitaine, et d’une mère d’origine lorraine. Son père, Antoine, a fui la défaite de la révolution italienne de 1848. Ses deux parents ayant pris part aux combats de la Commune, alors qu’il n’a que 13 ans, Charles Malato est déporté avec eux en Nouvelle-Calédonie en 1875. Il a 17 ans. Sur place, il s’intéresse à la culture et aux revendications kanakes, qu’il soutient, aux côtés de Louise Michel.
    Ayant perdu sa mère en Nouvelle-Calédonie, il rentre en France avec son père, après l’amnistie, en 1881. Dès lors, se définissant comme républicain internationaliste et embrassant la carrière du journalisme, Malato sera de tous les combats de l’anarchisme français et européen, en relation avec les anarchistes britanniques, espagnols, italiens (il est notamment l’ami de l’anarchiste espagnol Francisco Ferrer). Il prône l’insurrection, mais désavoue les attentats aveugles. Il est plusieurs fois emprisonné ou contraint à l’exil, notamment à Londres, où commence sa collaboration avec L’Intransigeant de Henri Rochefort. Il participe de façon éphémère à différents journaux, vite disparus ou interdits, avant de devenir rédacteur régulier de L’Intransigeant. Il fait état de ce parcours dans des mémoires publiés en 1894 (De la Commune à l’anarchie), puis, en 1897, publie une Philosophie de l’anarchie dans laquelle il tire les conséquences de l’échec des combats anarchistes des deux dernières décennies du XIXe siècle.
    Dreyfusard, il cesse sa collaboration avec L’Intransigeant devenu antisémite et rejoint L’Aurore d’Ernest Vaughan, où il côtoie Bernard Lazare et Georges Clemenceau. À la même époque, il est initié dans la franc-maçonnerie et s’éloigne de l’anarchisme de stricte obédience. Il sera critiqué pour cela, bien qu’à ses yeux, son ardeur révolutionnaire n’ait jamais faibli. Il démissionne d’ailleurs de la franc-maçonnerie en 1908.
    Il est mis en cause dans l’attentat de la rue de Rohan qui vise le cortège du président de la République Emile Loubet et du roi d’Espagne Alphonse XIII en 1905 et doit affronter le « Procès des quatre », à l’issue duquel il sera toutefois acquitté. Son engagement anarchiste et révolutionnaire reprend de plus belle à La Guerre sociale de Gustave Hervé, à La Bataille syndicaliste, au Libertaire. Dans le même temps, il signe des ouvrages plus littéraires, souvenirs, contes, pièces de théâtre, romans. Son roman le plus connu, La Grande Grève, publié en 1905, est très bien reçu dans les milieux syndicalistes.
    Quoique opposé jusqu’au bout à la guerre qui s’annonce en 1914, il se trouve de nouveau en délicatesse avec les milieux anarchistes pour avoir adhéré à « l’Union sacrée », jouant la France républicaine contre l’Allemagne monarchiste (« la cause de la France est redevenue la cause de l’humanité ! »). Il s’engage même en 1918, mais son âge (61 ans) ne lui permet pas d’aller au front. Après la guerre, il devient correcteur à l’Assemblée nationale mais continue d’écrire dans la presse libertaire. Il meurt en 1938, à 81 ans.

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